En ce début de XXIe siècle, les femmes ont fait de leur corps un médium qui constitue une arme dans leur combat pour l’émancipation et l’égalité. Elles écrivent littéralement sur leur corps qui devient un véritable flyer de chair diffusé dans les grands médias, mais surtout sur le web, de manière virale : féministes de quatrième génération comme les Femen ou militantes des slutwalks, femmes violées réinventant leur talking cure dans le cadre du Project Unbreakable ou femmes de combattants étatsuniens inscrivant sur leur peau les traumas de guerre de leurs conjoints dans le cadre du projet Battling Bare. Ces écrits, éphémères, acquièrent de leur inscription numérique une permanence militante. Cet article propose une description et une analyse de ces quatre types d’inscription corporelle, dans la perspective de l’analyse du discours numérique. On montre comment les univers numériques reconfigurent les paroles militantes voire soignantes de femmes placées dans des situations de domination, de subalternisation et/ou de souffrance. Le travail s’inscrit dans le cadre d’une écologie du discours fondée sur l’idée d’un continuum entre les matières langagières et non langagières.