Cet article est une réflexion sur les objets et corpus sensibles en analyse du discours, du fait de leur dimension sociomorale problématique. Si l’analyse du discours a en effet pour objectif d’explorer l’ensemble des productions des locuteurs à partir du moment où elles circulent dans la société, certaines zones discursives restent cependant dans l’ombre, du fait de leur inacceptabilité sociale. C’est particulièrement le cas des discours qui se déploient dans les univers semi-clandestins ou stigmatisés de la pornographie et de la prostitution. À partir d’une réflexion sur les normes éthiques du discours, ainsi que sur la subjectivité quasiment impensée du choix des corpus et des objets, ce texte tente de montrer ce que l’étude d’objets comme la pornographie et la prostitution, considérés sous une perspective féministe, peuvent apporter aux approches discursives en termes de renouvellement théorique et de déplacement épistémologique.